\PlaceImage{ottavi0.png}{D\'erive audio g\'eographique et \'ecoute du spectre \'electro\-ma\-gnétique de Bruxelles} \PlaceImage{ottavi1.png}{} \PlaceImage{ottavi2.png}{} \PlaceImage{ottavi3.png}{} \AuthorStyle{Julien Ottavi} \licenseStyle{GNUFDL} \Fra{\Title{Electromagnetic spectrum Research code 06080} \SubTitle{(Version 0.1, juin 2008)} {\bf Consid\'erations sur les d\'erives audio{}-g\'eographiques et autres \'ecoutes du spectre \'electromagn\'etique + Manuel de Construction d'antenne \'electromagn\'etique} \QuoteStyle{L'important n'est plus le dit (contenu) ni le dire (un acte), mais la transformation, et l'invention de dispositifs, encore insou\-p\c{c}onn\'es, qui permettent de multiplier les transformations{\dots} \footnote{Michel De Certeau, {\em L'invention du quotidien}}} \SubSubTitle{D\'erive urbaine \& spectre \'electromagn\'etique} Partir d'un point et se laisser mener \`a travers les m\'eandres des rues, croiser par hasard une personne, percevoir une r\'ealit\'e au del\`a de la r\'ealit\'e, se perdre dans un quartier, retrouver le point de d\'epart{\dots} La d\'erive est une d\'emarche qui a \'et\'e fortement d\'evelopp\'e par le courant situationniste et notamment \`a partir du livre de Guy Debord {\em Rapport sur la construction de situations} o\`u Debord propose de \quote{changer le monde} \`a travers le d\'epassement de toutes les formes artistiques par \quotation{un emploi unitaire de tous les moyens de bouleversement de la vie quotidienne.} La d\'erive est une action qui consiste \`a se laisser porter dans un espace urbain, un quartier, une rue, un immeuble, un parc{\dots} sans aucune pr\'econception quand \`a ce qui va se passer dans ce parcours. Il s'agit de vous laissez porter au gr\'e d'un courant imaginaire qui vous pousse au del\`a de situations que vous n'avez pas pr\'evue sans avoir calcul\'e un chemin \`a l'avance. Depuis le d\'eveloppement de la notion de \quote{d\'erive} men\'e par les situationnistes, de nombreuses autres formes de \quote{d\'erives} sont apparus utilisant certains caract\`eres originalement conceptualis\'es et r\'ealis\'es prenant comme point d'entr\'ee certaines contraintes (ligne droite, signes, cartographie{\dots}) ou en r\'ev\'elant certaines choses qui peuvent se dessiner \`a travers la d\'erive (rencontre, d\'ecouverte de chemin cach\'e ou tout autre manifestation incongrue). Il se dessine, en d'autre terme, une chose informelle de multiple conjoncture et de contextualisation en d\'e{}-contextualisation o\`u le d\'eriveur prend part \`a un jeu qui le m\`enera, peut{}-\^etre, \`a son point de non{}-retour, de fait il se sculpte une forme abstraite o\`u la r\'ealit\'e est renvers\'e en de nombreuses cons\'equences incalculables et infinis. La g\'eographie intervient l\`a dedans en forme de continuum de l'action, en proposition de lecture o\`u plut\^ot d'\'ecriture de la mati\`ere, du mouvement, on cr\'ee le croquis de notre propre mouvement \`a travers les spasmes impalpables de l'inconscient des gestes sur le goudron. Les cheminements possibles se d\'eroulent sous nos yeux et les transcriptions mentales et psychologiques se mettent en place sous la forme d'\'ecriture automatique des espaces. \QuoteStyle{Notre id\'ee centrale est celle de la construction de situations, c'est{}-\`a{}-dire la construction concr\`ete d'ambiances momentan\'ees de la vie, et leur transformation en une qualit\'e passionnelle sup\'erieure. La formule pour renverser le monde, nous ne l'avons pas cherch\'ee dans les livres mais en errant. C'\'etait une d\'erive \`a grande journ\'ees, o\`u rien ne ressemblait \`a la veille ({\dots}) surprenantes rencontres, obstacles remarquables, grandioses trahisons, enchantement p\'erilleux ({\dots}). La psychog\'eographie est l'\'etude des lois exactes et des effets pr\'ecis du milieu g\'eographique consciemment am\'enag\'e ou non, agissant directement sur le comportement affectif des individus. La nouvelle architecture d\'eterminera une plastique sonore qui s'identifiera au d\'ecor. On assistera alors \`a la d\'ecouverte de climats bouleversants. \footnote{Guy Debord}} Les situationnistes d\'eveloppent aussi le concept d'\quote{ambiance}, \`a travers lequel ils vont proposer de d\'epasser la logique de planification urbaine et architecturale de la ville, chercher un autre mode de lecture, une autre mani\`ere de vivre l'espace urbain. \QuoteStyle{Entre les divers proc\'ed\'es situationnistes, la d\'erive se pr\'esente comme une technique du passage h\^atif \`a travers des ambiances vari\'ees. Le concept de d\'erive est indissolublement li\'e \`a la reconnaissance d'effets de nature psychog\'eographique, et \`a l'affirmation d'un comportement ludique{}-constructif, ce qui l'oppose en tous points aux notions classiques de voyage et de promenade. ({\dots}) Une \'etude approfondie des moyens de cr\'eation d'ambiances et de l'influence psychologique de celles{}-ci, est une des taches que nous entreprenons actuellement. \footnote{Guy Debord}} L'\quote{ambiance} ce sont donc ces choses qui nous influencent dans un espace donn\'e : les murs, la lumi\`ere, le son, la mati\`ere, toutes ces composantes physiques qui sous{}-tendent un lieu et qui nous agissent, jouant de notre perception, p\'en\'etrant la psych\'e humaine de mani\`ere subtile. Ce que propose les situationnistes finalement c'est de d\'ejouer la construction des ambiances tel qu'elles ont \'et\'e construites par l'ordre \'etablis, re{}-construire d'autres ambiances avec les habitants, les r\^eveurs{\dots} de ces lieux, pas seulement en d\'emolissant et reconstruisant les architectures ou le paysage urbain tel qu'il est mais en prenant en compte le facteur de r\'eception et de compr\'ehension de notre psych\'e face \`a ces \'etats. Se propulser au del\`a de l'esclavagisme incontr\^olable de notre inconscient ou plut\^ot lib\'erer notre capacit\'e imaginative, enlever les cha\^ines de notre inconscient. La proposition que nous faisons est celle de prendre comme objet de la d\'erive l'\'ecoute du ph\'enom\`ene \'electromagn\'etique. L'homme vit depuis qu'il est apparu sur Terre dans un environnement \'electromagn\'etique naturel issu du champ magn\'etique terrestre. Depuis plus de quarante ans, de tr\`es nombreux appareils de consommation courante ont vu le jour. Ils g\^en\`erent des ondes \'electromagn\'etiques (ou ondes EM). Une onde \'electromagn\'etique est la combinaison de deux \quote{perturbations}: l'une est \'electrique, l'autre est magn\'etique. Ces deux perturbations, qui oscillent en m\^eme temps mais sur deux plans perpendiculaires, se d\'eplacent \`a la vitesse de la lumi\`ere. Une onde EM peut donc se concevoir comme une perturbation \'electrique de la mati\`ere qui se propage. Vous pouvez \`a tout moment cr\'eer un champ magn\'etique, utilisant les principes de base de l'\'electricit\'e, vous pouvez construire vous{}-m\^eme votre propre g\'en\'erateur \'electrique, vos amplificateurs et vos haut{}-parleurs, toujours en utilisant le m\^eme ph\'enom\`ene \'electromagn\'etique, bobine de cuivre, aimant et surface de r\'eception, de charge ou de vibration. Les ondes sont entretenues par un champ \'electromagn\'etique, qui r\'esulte lui aussi de l'association d'un champ magn\'etique et d'un champ \'electrique susceptibles de varier dans le temps et de se propager dans l'espace. Pour g\'en\'erer un champ \'electromagn\'etique, il suffit \`a la fois de produire : \PlaceFramedImage{ottavi14.jpg}{} \startitemize \item un champ \'electrique par la pr\'esence de charges \'electriques, \item et un champ magn\'etique en provoquant le d\'eplacement de ces m\^emes charges \'electriques. \stopitemize Les ondes EM ne sont alors que la propagation coupl\'ee de ces deux champs ainsi cr\'e\'es. En d'autres termes l'onde \'electromagn\'etique est une variation p\'eriodique de champ \'electrique et magn\'etique. Cette onde peut \^etre absorb\'ee par un r\'ecepteur qui poss\`ede un moment dipolaire. Soumis \`a une attraction sinuso\"idale un dip\^ole peut se mettre \`a tourner ou \`a vibrer. Pour les \'energies plus fortes la liaison peut \^etre rompue. Dans le cadre de l'utilisation d'une antenne (voir troisi\`eme partie pour la construction) nous allons op\'erer une boucle qui va recr\'eer ce moment dipolaire. Avec les essais que vous effectuerez avec l'antenne vous allez pouvoir constater qu'il y a deux p\^oles dans la r\'eception. Vous pourrez capter le ph\'enom\`ene sous deux angles diff\'erents et permettrent parfois une meilleur r\'eception sur l'un des p\^oles. Au del\`a du ph\'enom\`ene physique, il y a une r\'ealit\'e que nous allons utiliser \`a travers les d\'erives, celle de la mise en vibration des ondes EM et par cons\'equence du spectre \'electromagn\'etique que nous trouverons sur notre parcours. Une transposition de l'onde vers une vibration sonore, utilisant simplement l'amplification et l'\'electricit\'e, va permettre de rendre audible le ph\'enom\`ene. La d\'erive se transforme alors en une \'ecoute du spectre EM, la ville \'etant un puits sans fin de fr\'equences et de bruits g\'en\'er\'es par des centaines de machines et d'appareils \'electriques, toute technologie utilisant l'\'electricit\'e se trouve de fait dans le champ \'electromagn\'etique (voir image du spectre EM). Il y a d\'eplacement par rapport \`a la position des situationnistes, ce n'est plus seulement les diff\'erentes ambiances qui vont mener la marche ou leur d\'econstruction mais l'action de r\'ev\'eler la vie invisible qui travaille la ville, celles des machines qui travaillent nos corps, qui sont les m\'ecaniques sous{}-jacentes en activit\'e permanente des espaces urbains. Les d\'erives audio{}-g\'eographiques et \'ecoutes du spectre EM peuvent s'aborder comme si vous visitiez une dimension parall\`ele de notre quotidien, ou d\'ecouvriez une g\'eographie cach\'e d'un monde invisible, celui des forces machiniques \`a l'{\oe}uvre, qui depuis plusieurs ann\'ees se sont d\'evelopp\'es \`a une tr\`es grande vitesse dans notre environnement, construisant de nouvelles ambiances, de nouvelles mani\`eres de vivre la ville. L\`a o\`u les situationnistes soul\`event les rapports sociaux comme construction de l'espace urbain, les \'ecoutes EM interrogent le rapport homme{}-machine dans l'apparition de mati\`eres sonores insoup\c{c}onn\'ees r\'ev\'elant un nouveau type de compr\'ehension dans le paradigme machine {--} urbanisme {--} architecture {--} corporalit\'e. Il y a un nouveau jeu qui s'\'etablit sur la recherche du ph\'enom\`ene et simultan\'ement, par son \'ecoute, on y actionne des brisures dans le flux (la machine{}-urbaine). On y entend donc une nouvelle entit\'e comme forme \quote{vivante}, quelque chose qui nous parle, un \^etre dou\'e d'ubiquit\'e dont nous faisons partie, qui nous constituent et nous agit insidieusement, par en dessous, dans l'ombre de nos propres murs, enferm\'e dans nos propres certitudes: avons{}-nous r\'eellement le contr\^ole de la situation? Arm\'e de notre antenne et d'un syst\`eme d'amplification portable, nous (un groupe \quote{spectrorateur}) allons \`a la recherche d'une chose inaudible devenu audible gr\^ace \`a l'inversion de son fonctionnement. Le d\'etournement de la fonction m\^eme de l'antenne comme \'el\'ement de transmission et de r\'eception, o\`u la ville devient l'\'emetteur. Le fonctionnement des choses est renvers\'e dans le fait m\^eme de rendre audible mais aussi dans la cr\'eation de situation que la diffusion des sons va faire \'emerger \`a travers l'\'ecoute mobile dans un espace public donn\'e. \QuoteStyle{{\bf Situation construite}: Moment de la vie, concr\`etement et d\'elib\'er\'ement construit par l'organisation collective d'une ambiance unitaire et d'un jeu d'\'ev\'enements.} Les situations ainsi construites se trouvent alors entre deux, il y a d'une part reconnaissance par l'autre d'un son inhabituel qui vient d\'eranger son environnement d'\'ecoute, cela prend un autre caract\`ere lorsque l'on d\'ecrit le ph\'enom\`ene que l'on capte et que l'on donne \`a entendre. Il y a renversement de situation dans le partage d'une chose qui existe dans notre quotidien mais qui n'est pas perceptible, qui le devient avec la mise en son \quote{brut} et \'eruptif d'une singularit\'e. Les sons capt\'es sont extr\^emement vari\'es et constituent une large palette de timbres allant de sons aigus au grave plus ou moins pr\'ecis, \`a diff\'erente sorte de bruits (blanc, marron, rose{\dots} etc.), de nombreux {\em \quote{patterns}} ou rythmiques r\'ep\'etitifs et asynchrones, ainsi que des clusters ou grappes de fr\'equences. L'ensemble se m\'elange dans une organisation al\'eatoirement distribu\'ee qui d\'epend de machines ou appareils \'emettant leur champs EM \`a proximit\'e les uns des autres, leur organisation se font selon des crit\`eres d'utilit\'e non point en fonction de leur spectre sonore et leur \'eventuel musicalit\'e. Il y a par la mise en \'ecoute dans ces espaces (sonores) urbains, une sorte de mise \`a nu de la ville, une pens\'ee de la dissension, il y a dialogue et coupure dans le flux. Une sorte de po\'esie de l'imperceptiblement rugueux, car il y a rugosit\'e dans le rendu sonore, on y trouve une force sale \`a l'{\oe}uvre, on y trouve de la po\'esie dans la brisure avec le r\'eel du quotidien qui s'instaure dans un espace, un lieu, une rue{\dots} dans le quotidien, habitude, habitus et m\'ecanique d'utilisation de ces espaces. Les d\'erives audio{}-g\'eographiques et \'ecoutes EM placent la perception sensorielle sur un niveau po\'etique dans le sens o\`u l'auditeur peut potentiellement \^etre actif dans l'acte de transposition et de mise en \'ecoute, de d\'eplacements et de renversement de la situation. L'auditeur re{}-cr\'ee par lui{}-m\^eme la connexion improbable entre la forme d'o\`u peut provenir les sons et la mat\'erialit\'e de ces sons. Il n'y a pas dans le cas de ces recherches et d\'erives d'auteur \`a proprement parl\'e, il y a un passeur, un initiateur, une personne r\'ev\'elant une potentialit\'e dormante, une substance en de\c{c}\`a de notre compr\'ehension imm\'ediate du monde. \PlaceImage{ottavi7.png}{} \PlaceImage{ottavi8.png}{} Prenons l'artiste allemande Christina Kubisch qui expose ce ph\'enom\`ene depuis plusieurs ann\'ees \`a la fois comme syst\`eme de transmission de ces pi\`eces sonores et \`a la fois comme syst\`eme d'\'ecoute du spectre EM dans des espaces urbains. Dans notre approche, la transmission de la technique de captation, ainsi que la compr\'ehension du ph\'enom\`ene est fondamentale, de m\^eme que sur le plan de l'exploration, il y a diff\'erence avec celle de Christina qui se fait \`a travers une paire d'\'ecouteur munis de bobine de cuivre amplifiant le signal pour l'auditeur, alors que nous diffusons vers un ext\'erieur, au del\`a de soi. Son travail est int\'eressant dans le fait qu'elle participe \`a r\'ev\'eler un domaine peu connu et \`a y investir une compr\'ehension autre que celle de l'approche purement scientifique, celle d'une approche po\'etique et sensorielle, utilisant aussi l'errance et la d\'erive comme mouvement non cat\'egorisable de l'\'ecoute des sons environnants. Le parcours que propose Kubish se fait dans une \'ecoute introspective, repli\'e vers soi. Ce qui est propos\'e dans les d\'erives audio{}-g\'eographiques et \'ecoutes du spectre EM, c'est \`a l'inverse une audition orient\'ee vers l'ext\'erieur, il y a irruption dans une r\'ealit\'e commune m\^eme si cela doit cr\'eer une rupture dans le fonctionnement d'un espace et ainsi que dans les relations qui peuvent s'y jouer. Le but \'etant de cr\'eer une situation de d\'etournement par l'\'ecoute. Pour donner un exemple, dans ces d\'erives nous avons rencontr\'es plusieurs cas de figure o\`u l'on peut trouver a la fois une curiosit\'e et un rejet de l'\'etranger qui se r\'ev\`ele, dans la forme o\`u s'objective les ondes EM, et surtout dans le fait de ne pas avoir un cachet scientifique oblit\'er\'e par un cadre l\'egal. Car dans notre cas, le laboratoire devient l'espace urbain, il n'y a pas ici de mod\'elisation et test en laboratoire mais exp\'erimentations sur le terrain. Dans l'occasion d'une d\'erive dans la ville de Marseille, nous \'ecoutions un distributeur de billets (en ext\'erieur) et jouions avec le fait d'enclencher notre carte bancaire dans le distributeur et de retirer de l'argent ou consulter nos comptes. Des employ\'es de l'agence bancaire qui s'en allaient manger, nous demandent alors ce que nous \'etions en train de faire avec un ton de curiosit\'e. Dans un premier temps, nous leur expliquons le but de tout cela et continuons l'exp\'erience, une deuxi\`eme demande d'explication nous appara\^it alors avec un cot\'e incr\'edule et insistant{\dots} Puis prenant conscience de ce que nous sommes en train de faire ainsi que de notre caract\`ere d'explorateurs op\'erant dans un cadre purement artistique, non officiel, jouant l'acte de d\'etournement, ils nous demandent alors d'arr\^eter pr\'etextant que nous n'avons pas le droit de faire \c{c}a, jouant sur les limites du l\'egal avec un ton d'autorit\'e r\'ev\'elant une peur, celle d'une anomalie inconnu, comme cet \'etranger qui vient d\'eranger votre zone de tranquillit\'e, le bon ordre et le fonctionnement de votre machine d\'esirante, cracheuse de papier. \SubSubTitle{Lecture et \'ecriture de la ville (R\'eflexion sur la ville comme manuscrit \`a d\'ecrypter?)} Dans la continuit\'e de pens\'ee des travaux de ceux de Gordon Matta{}-Clark qui \'ecrit l'espace architecturale en op\'erant des d\'ecoupes dans les b\^atiments, ou bien sur les r\'eflexions de Jacques Derrida dans {\em Diss\'emination} sur l'\'ecriture de St\'ephane Mallarm\'e, la page comme architecture \`a habiter, \`a d\'econstruire, \`a re{}-construire, comme un livre \`a de{}-venir : \QuoteStyle{Un ouvrage singulier qui fut et ne fut pas un livre, {\em Un coup de d\'es}{\dots} de Mallarm\'e, autour duquel Blanchot \'ecrivit tel essai intitul\'e \quote{Le livre \`a venir} \`a l'int\'erieur duquel se lit l'expression \quote{le livre \`a venir} qui se trouve \^etre aussi le titre du {\em recueil} {--} mot qui fait signe, encore, vers la reliure, le rassemblement, la collection, mais d'abord vers l'{\em accueil} (Mallarm\'e d\'esigne le lecteur comme un \quote{h\^ote}). Ce qui me touche ici, et ce qui m\`ene mon propos, c'est que, par un {\em jeu de mot}, un habile stratag\`eme de votre part, nous pouvons confondre (mais c'est le fond m\^eme de la diff\'erance) tous ces textes, intitul\'es {\em livre \`a venir}. Peu importe, en fait, puisque ce qui nous importe ici, ce n'est pas tant le texte, mais ce qu'il d\'esigne (en vain, aurait dit Blanchot), c'est pr\'ecis\'ement cette chose que l'on ne conna\^it pas, qui n'a pas de forme pour l'instant, qui n'existe pas encore, mais qu'on d\'esigne par {\em livre \`a venir}. \footnote{{\em Posologie. De Jacques Derrida.} Texte par Beno\^it Vincent \Url{http://www.derrida.ws/index.php?option=com_content&task=view&id=9&Itemid=8}}} Ces recherches s'inscrivent dans le rapport \`a une autre forme d'\'ecriture, celle du livre invisible des ondes EM sur l'espace urbain et les architectures machiniques. L'\'ecriture comme la fixation de signes signifiant et la po\'esie comme \'ecriture de signes rejouant le signifiant en de multiples autres compr\'ehensions. L'espace urbain et les architectures comme les pages d'un livre que l'on lit o\`u que l'on \'ecrit ou les deux \`a la fois, le mouvement, la d\'erive comme outil d'\'ecriture, les ondes EM comme forme d'\'ecriture{\dots} Le spectre EM (spectre comme fant\^ome et spectre comme gamme) est \`a la fois une \'ecriture, une succession de signes faisant sens en terme audible et en terme de fonctionnement machinique, une \'ecriture machinique invisible que l'on r\'ev\`ele et d\'ecrypte au moyen d'une sorte de loupe ou d'appareil de traduction d'un langage encore obscur. La ville devient en ce sens un livre ouvert \`a travers lequel nous allons composer notre propre lecture, au fil des rues et des zones \`a fortes concentrations d'ondes EM. Ce communique alors des symboles repr\'esentant un langage compos\'e de plusieurs sortes de signes op\'erant au niveau des timbres, des rythmiques et des compositions de m\'elodies h\'et\'erog\`enes et composites. Ce langage pourra \^etre lu de plusieurs fa\c{c}ons, \`a travers une compr\'ehension de son origine machinique et de sa m\'ecanique (carcasse) physique lui donnant son champ sonore sp\'ecifique mais aussi sur son caract\`ere musical aussi bien que sur son inscription dans le contexte m\^eme: un supermarch\'e, une voiture, une rue de bijoutier, un carrefour, un panneau publicitaire{\dots} etc. \PlaceImage{ottavi6.png}{} \PlaceImage{ottavi4.png}{} De cet angle nous basculons \`a une forme d'\'ecriture qui va s'engendrer, dans le cas de nos d\'erives, sous plusieurs aspects: le premier \'etant sur l'\'ecriture abrupte de cette manifestation par la mise en \'ecoute, un autre par le biais d'une forme de d\'eterritorialisation. L'\'ecoute et la cr\'eation du contexte \'etant le mode d'\'ecriture de l'exp\'erience. Comment le contexte change t{}-il et agit{}-il sur un espace? Comment le fonctionnement de cette espace change au fur et \`a mesure que l'on y \'ecrit? Le sens des signes pr\'ec\'edemment lu dans cet espace devient pour un instant quelque chose d'autre, prend une autre signification, il se produit autrement. Il s'agit ici d'une \'ecriture temporaire, une \'ecriture disparaissante{\dots} le son \'etant la transcription, l'espace urbain ou architecturale la page, l'antenne EM et l'amplification comme stylo{}-loupe venant \`a la fois lire et \'ecrire le contexte. Les lecteurs eux s'en trouvent interpell\'es, qu'ils soient convi\'es, participants ou al\'eatoirement attir\'es par l'activit\'e/action se d\'eroulant devant leurs yeux et leurs oreilles. Nous \'ecrivons le texte multiple de notre mouvement dans un lieu, la d\'erive ouvre la lecture al\'eatoire du d\'eplacement, la ville devient l'espace finalement tangible de notre inconscient perceptif, passant d'un statut informelle \`a celui d'une r\'ealit\'e physique r\'eappropriable. Dans un deuxi\`eme temps, ou dans le temps de l'\'enonciation du langage, nous \'ecrivons, litt\'eralement cette fois, sur les emplacements de captation des champs EM. \`A base de signes annon\c{c}ant le contenu du type de son capt\'e: fr\'equence, bruit, rythmique, hauteur approximative de la fr\'equence ainsi que sa repr\'esentation graphique, par la d\'erive nous laissons ainsi des traces sur les murs, le goudron, le b\'eton, les panneaux de circulation ou publicitaires, les magasins et autres m\'etaux forgeant les espaces d'habitations{\dots} etc. La trace permet de donner un signe de notre d\'erive dans la ville, de transmettre le fait qu'un objet invisible \`a \'et\'e d\'ecouvert en ce lieu, que nous y avons r\'ev\'el\'es l'invisible, l'inaudible, le revenant{\dots} Donner des signes d'une existence spectrale, d'une pr\'esence incertaine, possible, influant \`a l'inconscient la possibilit\'e d'une entit\'e qui se manifeste au del\`a de nos perceptions communes. \page \framed[offset=1em]{\SubTitle{Manuel de construction d'antenne \'electromagn\'etique (III)} \startitemize[n,broad] \item Se munir d'une bobine de fil de cuivre d'environ 0.25mm \InsideImage{ottavi11.jpg}{Une bobine de fil de cuivre} \item Pr\'eparer un objet sur lequel vous allez faire une centaine de tour avec le fil de cuivre, d'un diam\`etre d'environ 40cm. Cette objet doit \^etre suffisamment pratique pour que vous puissiez retirer la boucle une fois les tours finis. \item Faire une centaine de tours en concentrant bien les fils \`a chaque tour, les fils de la boucle doivent \^etre resserr\'es pour permettre une meilleure r\'eception. \InsideImage{ottavi10.jpg}{Concentrant bien les fils \`a chaque tour} \item Une fois la boucle finis, vous devez avoir deux bouts de c\^able qui sont le d\'ebut de la boucle et la fin de la boucle. \item Penser \`a une technique pour solidariser les fils de la boucle une fois enlev\'e du support pour l'utiliser comme antenne: gaffer, tuyau, scratch{\dots} etc. \InsideImage{ottavi5.png}{Une technique pour solidariser les fils} \item Enlever le vernis du cuivre \`a l'aide d'un briquet et d'un cutter, pour pouvoir connecter le cuivre \`a un connecteur audio du type jack (3,5 ou 6,5mm). \item Connecter un des bouts de fil \`a la masse et l'autre au point chaud du connecteur jack. \item Plugger le connecteur jack \`a un ampli audio pour faire les tests, vous devez entendre alors diff\'erents sons en fonction de la proximit\'e d'appareils du type t\'el\'ephone portable, ordinateur{\dots} Les points \'electriques \'emettront un 50Hz bien ronronnant, le \quote{hum} que l'on chasse dans les salles de concerts et d'enregistrements. \item Vous munir d'un ampli audio portable et commencer votre d\'erive dans votre quartier \`a la recherche des sons inaudibles! \InsideImage{ottavi9.png}{\`A la recherche des sons inaudibles} \stopitemize } }