Ce collectif d’artistes français
représente une des plus grandes réussites du graphisme punk.
Il s’agit au départ d’un petit
groupe d’étudiants qui se rencontrent à l’Ecole des Beaux-Arts
de Paris en 1974.
D’emblée, il ne fonctionne pas comme
un mouvement d’avant-garde, mais comme un groupe de rock. Au lieu
de donner des concerts, il fabrique des images, des fanzines et des
magazines. Le point de départ est la bande dessinée, du moins ses
caractéristiques externes, mais que Bazooka malaxe dans un
tourbillon d’images détournées et de textes parfois délibérément
truffés de fautes d’orthographe.
Il s’associe immédiatement au
mouvement punk qui apparaît en France durant l’automne 1976.
Il invente le concept de la “dictature
graphique” en créant une sorte de parodie de propagande
révolutionnaire, qui juxtapose des idéologies totalitaires
contradictoires avec un sens profond du désenchantement et de la
dérision.
Son style s’affirme déjà, à base
de collages, d’imagerie médicale (blessures, maladies),
d’accidents de voiture, de photos d’actualité détournées, avec
des références au constructivisme russe des années 20 et au
dadaïsme.
Le collectif, à géométrie variable,
comptera toujours un noyau dur de trois personnes : Kiki Picasso,
Loulou Picasso et Olivia Clavel.
En 1977, le journal Libération lui
offre la liberté d’intervenir directement dans ses pages avec des
dessins. Durant l’été, Bazooka franchit toutes les étapes de la
provocation, utilisant des images pornographiques extrêmes qui
valent plusieurs procès au journal.
Le principal label de musique punk
français, Skydog Records, lui confie la réalisation de plusieurs
pochettes de disques.
En 1978, Bazooka collabore avec le New
Musical Express en réalisant un numéro spécial de ce magazine
consacré à la scène punk française. La même année, il fonde la
revue Un Regard Moderne, dont le but est de redessiner l’actualité
d’un point de vue artistique.
L’impact du langage graphique
novateur mis au point par le collectif engendre un énorme carnet de
commandes (couvertures et pages de magazines, affiches de théâtre,
illustrations pour la presse féminine, propagande politique, et même
un générique d’émission télévisée…)… ainsi que de
nombreux plagiats, notamment de la part du monde publicitaire
toujours à l’affût de nouvelles tendances.
L’influence de Bazooka sera énorme,
à commencer dans les écoles d’art.
En 1979, le collectif décide de se
séparer, chaque membre poursuivant sa carrière artistique et son
destin individuellement.
Kiki et Loulou Picasso en 2010 - Pochette de disque
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