Chant II : Qu’est-ce qu’un monde ? Comment créer un monde en soi, un monde à soi ou encore cette faculté d’être au monde ? Selon Marcel Proust, le secret peut être enfoui dans une tasse de thé, dans ce petit bout de madeleine imbibée de tilleul et qui vous tient dans cette urgence permanente de créer un monde à p(art). Le tour de force consiste à restituer le mouvement de son univers sans le figer, avec un rien de désinvolture, rendre le cheminement labyrinthique des sentiers qui bifurquent, les changements de ton et d'atmosphère mais aussi l’érudition scrupuleuse, quelques plongées dans la psychologie des profondeurs et l'amour enfin. La richesse invisible du visible qui, du fond de son silence, conduit l’art à l’expression. Qu’est-ce qu’on garde en nous et que concède-t-on à l’oubli ? La recherche du temps perdu, est-ce une recherche d’une vérité gravée dans le temps ? Allons refaire un tour du côté de chez Swann: revoir les fleurs du jardin, le premier marcel que nous avons porté, revivre le drame du coucher, sentir le baiser de maman et la tarte aux pommes sortant du four, l’odeur de l’herbe fraîchement coupée et même re-goûter les biscuits « zanimo » dont certains mangeaient les écureuils en premier (pour éviter que les lions leur fassent du mal à l’intérieur du paquet). Ici, on entre dans des logiques proustiennes, on se remémore, on fait la part des choses entre perte et gain. On interroge nos mémoires d’éléphant, ces encyclopédies du bric-à-brac et on se roule dans notre boue, ne serait-ce que pour se rafraîchir les idées.